
Moins je pense, plus je suis
par Pancho Crazy Deer
Peut-être perçoit-on mieux tout l’intérêt de choisir de prendre en main sa guérison, sa libération, plutôt que de partager, dans un élan de charité mondaine, sa perdition ! Syndrome du faux sauveur, celui qui pave l’enfer de bonnes intentions.
Étendre sa conscience, l’étirer, l’élever, est quasiment la seule raison d’être des humains, ce à quoi ils sont conviés chaque seconde de leur vie. Et pourtant c’est bien la dernière chose qu’ils cherchent à accomplir.
Sa vie est une ascèse permanente, un défi constant en quelque sorte, dans cette recherche infinie d’agrandir son horizon et ses perceptions, et puis aussi parce qu’en progressant il est confronté à des problématiques toujours plus profondes, complexes.
Aller jusqu’au delà des limites de la raison, par la méditation ou la sadhana, cela n’a pas à voir avec un exercice mental ou intellectuel, l’intellect en et par lui-même n’a pas à édicter des règles de comportement, de penser, il outrepasse là sa fonction, il doit être au service, et non asservisseur; pour défier cette croyance puissante qu’il faut toujours et en toutes choses raison garder, franchir la barrière de la peur de perdre la raison, armé de sa seule foi et du désir fervent de vaincre cette peur.
Goûter l’ivresse fulgurante de l’essence de la liberté qui se tient juste là, masquée par le voile de la peur que seuls les intrépides innocents écartent puis déchirent en riant et en chantant!
C’est à regarder sans jugement, connaître sans tricherie, puis reconnaître cette paresse ou cette fascination inconsciente pour l’aliénation et décider l’évolution. Demander toute l’aide voulue, rechercher tous outils disponibles, et guides le cas échéant. « Rien ne m’appartient, rien n’est moi », tel devrait être l’un des plus puissants mantra, dont l’inlassable scansion infuserait en nous toutes les diverses et fertiles conséquences porteuses d’émancipation, de graines de créativité, de coups fatals portés à nos limites.
De quoi parlons nous quand nous disons « mental »?
Le mental est cette fabrique intérieure inlassable et continue de pensées, toujours affamé, jamais rassasié, faisant flèche de tout bois, et décidant arbitrairement l’ordre et la hiérarchie des formes pensées, capable de déclencher dans le cerveau une chimie interne sophistiquée, en fonction du caractère anxiogène, joyeux, triste… de celles-ci. Livré à lui-même il ne peut établir aucune connexion avec le cœur.
Une baudruche qui enfle et titube vers le halo indéterminé du phare d’un hypothétique bonheur indéfinissable autant qu’insaisissable, puis éclate en ne laissant qu’odeur fétide.
Il convient d’établir une prépondérance harmonieuse et souple, évolutive éventuellement, une préséance au service de la loi naturelle.
Refusons l’emprisonnement du mental; prenons refuge en le coeur, gage de liberté !